Dans
les années 50 l'image de la femme dans les médias était toute
autre, elle visait à conforter celle-ci dans son rôle de ménagère.
La fonction des femmes a considérablement changé durant la seconde
guerre mondiale. Les ménagères étaient alors appelées à se
joindre à l'effort de guerre et quittaient en masse leurs foyers.
Suite à la guerre, on a voulu valoriser le travail des femmes à la
maison. C'est donc l'image de la bonne ménagère que l'on projetait
à la télévision afin que celle-ci réintègre son rôle de mère
et d'épouse.
De
nos jours l'image de la femme dans les médias est de plus en plus
véhiculée comme celle de la femme fatale, avide de son pouvoir
d'achat. Le capitalisme a ainsi transformé l'idéal de la femme au
foyer en celui de la (sur)consommatrice hypersexualisée. L'image et le rôle de la femme ont certes
changé au fil du temps or le combat féministe est demeuré le même, on aspire à faire disparaître les différences entre les sexes.
Heureusement la femme peut désormais exister en dehors de son statut marital et
contribuer à l'avancement de la société. Mais encore aujourd'hui,
elle s'occupe davantage des tâches domestiques et de l'éducation
des enfants que l'homme. Quelle est aujourd'hui la véritable place
de la femme dans la société et quelle image devrait-on lui
attribuer dans les médias afin de mieux refléter sa réalité et
ses aspirations?
- Analyse de la fonction des femmes dans les médias
1.1
Portrait de la femme dans les médias
Internet
offre désormais une vitrine supplémentaire à la promotion de la
femme dans un contexte de mondialisation. Les médias jouent un rôle
clé dans la socialisation de la femme, les jeunes filles demeurent
un public influençable à qui l'on fait miroiter la superficialité
et la pornographie. '' La majorité des jeunes filles ne semble pas
accorder d'importance à la piètre image que les médias leur
renvoient, image qui contribue bien entendu à façonner celle
qu'elles ont d'elles-mêmes. La télévision joue un rôle important
dans la construction de cette image, car elle demeure, pour
l'instant, LE véhicule culturel principal auprès des jeunes. Ils la
regardent en moyenne 35 heures par semaine (pour les 2 à 11 ans) et
28 heures par semaine (pour les 12 à 17 ans).'' (Nathalie Collard,
Image des femmes dans les médias : un recul?, 12 décembre
2011)
Les
féministes dénoncent l'invisibilité des femmes dans les médias et
l'image du rôle traditionnel et/ou de femme-objet qu'elles y
projettent. Or depuis la nuit des temps la femme a en elle ce désir
de plaire : '' Les femmes ont appris à plaire aux autres, aux
hommes en particulier, et c'est encore ça qui ressort dans la
sexualité. Les femmes veulent plaire aux hommes. C'est le désir de
plaire constant. '' (Martine Laval, Entretien avec Élyse Bourque
sexologue, 100% Femmes) En contrepartie, le rôle de la mère au sein
du foyer est également dénigré par les féministes :
''L’archétype de la femme libre promu par le féminisme dominant,
c’est celui de la travailleuse rémunérée, indépendante
financièrement, qui retourne au boulot à temps plein sitôt son
congé de maternité terminé. Il faut se conformer à cette
idéologie, sous peine de trahir celles qui se sont battues pour
nous !'' (Marie-Hélène Proulx, Annie Cloutier : rebelle
au foyer, 5 juin 2014) Or dans presque toutes les cultures il s'avère
que la femme est souvent mieux outillée que l'homme pour prendre en
charge l'éducation des enfants et s'occuper du foyer. Et ce même
chez les femmes qui travaillent à part égale avec leur conjoint. On
constate que celles-ci passent plus d'heures à s'occuper du foyer et
de l'éducation des enfants que les hommes.
En
somme, les femmes doivent bien souvent composer avec deux élans
naturels : leur désir de plaire aux hommes et leur instinct
maternel. C'est pourquoi les médias ont oscillé entre ces deux
représentations de la femme au fil du temps. Il serait sans doute
pertinent de se questionner aujourd'hui sur la validité des modèles
proposés et d'évaluer leurs possibles répercussions dans la
socialisation de la femme à travers la télévision de marché.
1.2
Discours médiatique destiné aux femmes
À
l'heure de l'hyper communication, il n'a jamais été aussi difficile
d'accéder aux sources d'information qui expriment la multiplicité
des opinions. On a catégorisé les publics et l'on s'adresse à
ceux-ci suivant une logique simple. Toutefois, cette logique peut se
différencier selon les cultures et le discours médiatique destiné
aux femmes peut changer. Au Maroc par exemple, les stéréotypes
féminins sont établis ainsi: '' En effet, tantôt la femme est
présentée comme une femme passive, ou baignant dans le monde de la
sorcellerie, tantôt comme une femme rebelle, libérée et dépourvue
de sentiments. Ceci s’explique par l’absence d’une vision
globale et transversale visant à améliorer l’image de la femme
dans les médias sur le long terme et lutter contre les stéréotypes
négatifs.'' ( Sanae El Aji , 2015)
Au
Québec, l'image de la femme a donc oscillé au fil du temps entre la
bonne ménagère et la femme fatale. Les adolescentes sont
aujourd'hui confrontées à cette image de la femme calquée sur les
États-Unis. En effet, on représente de plus en plus le corps
féminin comme un outil ayant un fort potentiel marketing; pourvu que
celui-ci entre dans le moule. On constate donc une influence de la
culture et parfois même de la langue dans la représentation de la
femme dans les médias : '' La variable linguistique paraît
pourtant pertinente alors que c'est principalement la culture
anglo-américaine qui est mise en cause en raison de son marketing
exhibitionniste, incarné par des vedettes telles Britney Spears,
Jennifer Lopez, Christina Aguilera, les Spice Girls et Rihanna.''
(Caroline Caron, 2010)
Les
discours agissent sur nos façons de penser et plus un discours nous
est répété, plus celui-ci nous apparaîtra comme véridique. Les
médias idéalisent ainsi chaque jour aux yeux des jeunes filles un
moule étroit dans lequel elles devraient entrer. Celles-ci
comprennent très jeunes qu'il est préférable d'y adhérer afin
d'éviter le rejet de leurs pairs. ''Après
la ménagère des années 50-60, la militante des années 70,
la superwoman
des années 80, la chercheuse d’équilibre des années 90
et la féminine des années 2000, toutes des représentations
que l’on retrouve encore aujourd’hui parfois à différents
degrés, un nouveau modèle est apparu : le gynoïde,
c’est-à-dire le corps de la femme perçu et conçu comme une
machine, un robot. '' (Vicky Gauthier, 7 mars 2013)
Ainsi,
l'image de la femme au Québec a toujours été catégorisée selon
des normes strictes et l'on s'est adressé à elle dans les médias
suivant cette ''logique'', passant graduellement de la ménagère des
années 50 à la femme hypersexualisée des années 2010. On ne peut
qu'espérer un volte-face pour les adolescentes qui apprennent
aujourd'hui à à socialiser à travers un discours médiatique de
plus en plus réducteur et erroné.
Ainsi,
1.3 Minorités visibles et stéréotypes
Depuis
quelques années, la visibilité des minorités à la télévision
est de plus en plus importante même si elle demeure faible en
comparaison du moule. On veut attirer les publics des différentes
cultures afin de rejoindre un plus grand nombre de téléspectateurs
et d'accroître les profits. '' Dès la fin des années 1990,
l’introduction de la notion de « minorités visibles »
dans les débats concernant la représentativité ethnoraciale des
programmes de la télévision française, a contribué à tendre
encore plus le paradoxe français d’une indifférence aux
différences conduisant à une indifférence aux discriminations. Or
on observe depuis 2004 un basculement spectaculaire de l’ensemble
des professionnels de la télévision vers un volontarisme efficace
de visibilité des minorités.'' (Eric Macé, 2007)
Toutefois,
les minorités tout comme les femmes subissent une représentation
erronée de leur image dans les médias. Les personnages incarnés
par des gens provenant de cultures différentes sont souvent utilisés
pour représenter des problèmes sociaux. Des gangs ou des criminels,
que les médias nous font en fait davantage percevoir comme des
minorités étant donné le faible ratio de leurs apparitions à la
télévision.
1.4
Femmes et production télévisuelle
Politique,
convergence et capitalisme de la télévision de marché au Québec,
mon premier essai dans le cadre de ce cours, traitait au point 3.2
d'un conflit d'intérêt médiatique et politique : ''Récemment,
Pauline
Marois a accordé un crédit d'impôt à Pierre-Karl Péladeau à la
veille du déclenchement des dernières élections. Une faveur qui
avantageait uniquement Productions J, la compagnie de
Julie Snyder, conjointe
de M. Péladeau.''
Récemment, Madame Snyder a pris d'assaut les réseaux sociaux afin de
dénoncer cette ''cette «injustice»
aux relents de «sexisme»
. (Marco Fortier, 30 juin 2015) La productrice invoque donc la cause
féministe pour faire rétablir le crédit d'impôt de sa compagnie
qui, ironiquement,
produit des émissions dégradantes pour la femme : '' Les
« pitounes » sont partout : à la une des magazines, dans les
vidéo-clips, sur les panneaux d’affichage ; dans le décor de
l’émission Le
banquier,
une valise à la main ...'' (Noémi Mercier, 9 février 2015)
La
populaire émission de téléréalité Occupation
Double
produite par Productions
J est
également bourrée de stéréotypes sexistes : '' Or, que
propose cette téléréalité? Elle propose un univers où les
relations amoureuses sont un jeu, une stratégie, une marchandise.
Elle montre des couples prêts à plonger dans une baignoire à
remous et à faire l'amour devant deux millions de personnes pour
courir la chance de gagner un condo et une voiture de l'année. Elle
montre aussi de jeunes hommes tous taillés sur le même
modèle (gros bras, peu de conversation) et des filles qu'on dirait
sorties d'une usine tellement elles se ressemblent avec leurs cheveux
longs, leurs lèvres pulpeuses et leur plastique de Barbie.''
(Nathalie Collard, 2011)
La
cause féministe serait-elle en train de se perdre? Certes, le
féminisme est à la mode et de plus en plus d'hommes se prétendent
aujourd'hui féministes. Mais qu'en est-il de la signification réelle
de ce mot aujourd'hui? Dans le cas de l'affaire Snyder-Couillard, on
se sert de façon malhabile du féminisme afin de servir la
convergence et d'accroître les profits d'une entreprise déjà
prospère.
En
général, les femmes consomment beaucoup de télévision. Les
programmateurs tentent donc d'orienter leur programmation vers ce qui
leur semble être intéressant pour elles. En effet, les femmes entre
18 et 39 ans constituent un public de choix pour les programmateurs.
Elles ont un pouvoir d'achat important considérant le fait que ce
sont bien souvent elles qui font les courses pour leur foyer, elles
sont donc un public cible pour les annonceurs.
Toutefois
les stratégies de séduction des publics féminins sont basées sur
une conception de la femme très simpliste qui ne reflète pas ses
véritables aspirations. Ainsi nous sommes passés d'une idéologie
capitaliste patriarcale à une idéologie capitaliste de la
femme-objet. En
ce sens que l'idéal féminin n'est plus aujourd'hui celui de la
femme au foyer, cela est explicable surtout par le fait que notre
société est de plus en plus âpre au profit. Les femmes ont donc
quitté en masse leurs foyers pour gagner plus d'argent, elles sont
devenues par le fait même de plus grandes consommatrices.
Cependant
au fil de l'histoire la place de la femme n'a jamais véritablement
changé, or on voudrait aujourd'hui lui faire croire à une nouvelle
image qui colle davantage à la société capitaliste. '' Quels que
soit les changements sociaux, la femme demeurera éternellement mère
et épouse au service des autres.'' (Mattelart, 1986) C'est pourquoi
on place maintenant la femme face à une dualité de plus en plus
criante. Pour souscrire à l'image d'elle imposée par les médias,
elle doit être à la fois mère et femme fatale. Mais qu'en est-il
de ses véritables aspirations, que désire-t-elle être
intrinsèquement?
2.
Contraintes sociales et publics féminins
Plusieurs
estiment que la représentation des femmes dans les médias a
accompli des progrès importants au fil du temps, or l'image des
femmes demeure soumise à l'idéologie capitaliste patriarcale
(Mattelart, 1986). Il en va de même pour les publics féminins, la
téléspectatrice d'aujourd'hui n'est pas bien différente de celle
des années 50, elle est mère et épouse en plus d'aspirer à se
réaliser à l'extérieur du foyer.
Cependant
la société de consommation incite de plus en plus la femme à
tendre vers le modèle de la mère-femme fatale. Au Québec, on se
souvient par exemple de la récente campagne de publicité sur
l'allaitement maternel mettant en vedette la comédienne Mahée
Paiement.
Des affiches représentant la jeune femme en train d'allaiter son
enfant dans un style très glamour et sexy ont alors enflammé le
web. Les femmes ont été dérangées par cette image car elle les
ramenait en fait à leur propre dualité.
La
téléspectatrice d'aujourd'hui aspire donc à être à la fois mère
aimante et femme fatale puisqu'on l'a conditionnée ainsi en se
basant sur ses propres instincts naturels. La ménagère des années
50 a cédé du terrain à la femme fatale en raison du système
capitaliste qui l'a incitée à entrer sur le marché du travail pour
pouvoir ensuite devenir une plus grande consommatrice. Mais en
somme, les publics féminins n'ont pas tellement changé.
2.2
Socialisation des jeunes filles à travers les médias
Les
jeunes consomment les médias différemment, ceux-ci délaissent la
télévision au profit d'internet. Un
récent sondage aux États-Unis décèle que 51% des adolescents se
connectent aux réseaux sociaux moins une fois par jour et que 22%
d'entre eux le font plus de 10 fois par jour (Common Sense Media,
2009) Les
vidéos musicaux sont très populaires auprès des adolescents et
mettent généralement en scène une image de la femme dégradante.
Comme les jeunes filles regardent très peu les feuilletons télé,
elles sont davantage soumises au modèle de la femme véhiculé sur
le web.
''Les
préadolescentes se laissent facilement séduire par l'univers des
vidéoclips, et plus particulièrement par les vidéoclips de rap. La
plupart des vidéoclips de rap commerciaux et américains proposent
un portait irrespectueux et dégradant de l'image de la femme.'' (
Myriam Laabidi, 2004) Le modèle de la mère aimante est donc relégué
au second plan et les nouvelles générations idéalisent désormais
la femme fatale. Les jeunes filles apprennent donc à socialiser dans
une société capitaliste qui représente le corps de la femme comme
un objet ayant une valeur marchande.
La
plus grande partie de la socialisation des individus se fait à
travers les médias de masse et il serait faux de croire que l'image
des femmes a réellement accompli des progrès au fil du temps.
Certes le modèle de la bonne ménagère était loin d'être parfait,
or entre la femme au foyer et la femme fatale se situe sans doute un
portrait plus représentatif de la femme d'aujourd'hui.
2.3 Avenir
de la perception des femmes dans les médias
En
octobre 2009, la Charte québécoise pour une image saine et
diversifiée était lancée suite à un consensus entre plusieurs
professionnels des médias, de la mode, de la musique et de la santé
(Québec en Forme, 23 avril 2012) On voulait contrer la vague
d'obsession de la minceur qui sévit toujours aujourd'hui et qui
sévira certainement encore dans plusieurs années. ''Près
de 33 % des femmes universitaires seraient prêtes à mourir plus
jeunes en échange du corps de l’actrice Scarlett Johansson, selon
une étude mise en avant par l’organisme ÉquiLibre '' (Maxence
Knepper, 2012)
Pourquoi
les femmes veulent-elles à tout prix plaire aux hommes? Ils s'agit
sans doute à la base d'un désir d'atteindre un certain équilibre
entre la mère et la séductrice. Le besoin de se sentir vivante et
de sortir un moment de la routine ennuyante des tâches ménagères.
Toujours ce même dilemme donc entre la mère et la femme fatale...
Les
médias utilisent simultanément ces deux images de la femme pour
tenter d'augmenter les cotes d'écoute. Or on amplifie bien souvent
ces deux représentations à un tel point que la femme ne s'y
reconnaît plus. Les choses ne risquent malheureusement pas de
s'améliorer dans un proche avenir. Depuis l'adoption de la Charte
québécoise pour une image saine et diversifiée rien n'a vraiment
changé et les programmateurs vont continuer à utiliser les mêmes
tactiques pour augmenter leurs cotes d'écoute.
On
fait miroiter aux femmes un idéal presque impossible à atteindre,
une image d'elles-mêmes que les téléspectatrices voudront
néanmoins garder sous les yeux afin de ne pas la perdre de vue.
Ainsi elles pourront se projeter indéfiniment dans une réalité
qui, peut-être un jour, sera la leur.
3.
Analyse féministe de la différentiation des genres dans les médias
3.1
Racines sociales des genres
Il
importe de définir en premier lieu la différence entre les genres
et les sexes:'' Les spécialistes des sciences sociales et ceux du
développement utilisent deux termes distincts pour marquer, entre
hommes et femmes, les différences déterminées biologiquement et
celles construites socialement: il s’agit dans le premier cas du
mot “sexe”, dans le second cas du vocable “genre”. Même si
les deux termes sont liés aux différences entre les hommes et les
femmes, les notions de “sexe” et de “genre” ont des
connotations distinctes. '' (Food and Agriculture Organization of the
United Nations, L'Approche Genre)
Ainsi
le sexe est relatif à ce tout ce qui a trait à la constitution
biologique des individus hommes et femmes tandis que le genre est
plutôt attribuable aux relations entre les individus. Les
différences relatives au sexe des individus sont donc immuables
tandis que celles ayant trait au genre sont sujettes aux changements.
Cela dépend en fait des cultures et de l'évolution des différentes
sociétés. Le genre définit en somme l'attribution des tâches
domestiques, l'accès à l'éducation, la vie professionnelle, les
responsabilités familiales etc.
3.2
Racines politiques des genres
Le
mouvement politique féministe des Femens
a
vu le jour en Ukraine en 2008 afin de dénoncer notamment le tourisme
sexuel. Il s'agit aujourd'hui d'un mouvement mondial et l'on peut
suivre régulièrement dans les médias les actions politiques qui en
découlent.
Des
militantes Femens
exhibent leur seins afin de dénoncer différentes situations :
'' La nudité est ici antisexuelle, proprement politique, à l’opposé
des comportements des années 1970 où l’on voyait dans le fait de
se dénuder une manière de dévoiler la sexualité qui innervait
l’ensemble des relations interpersonnelles. '' (Querrien &
Selim, 2013
Le
mouvement a été fortement critiqué puis discrédité en Ukraine
suite à de nombreux dérapages : ''Les politologues ukrainiens
considèrent unanimement FEMEN comme un projet "politico-commercial"
et ne se sont jamais véritablement penchés sur le sujet. A force
d’incohérences, le mouvement "caméléon" a lassé leur
pays, avant d’être fatalement discrédité. '' (Olivier Pechter,
2014)
Au
Québec, le mouvement continue d'attirer l'attention des médias qui
le dépeignent toutefois en surface. Les racines sociales du
mouvement ne sont que très rarement explorées. '' Le
mouvement s’articule autour d’une trinité : le refus de
l’industrie du sexe, le rejet de toute forme de dictature et enfin
la dénonciation des extrémismes religieux. '' (Maherzi et Rollin,
2013) Cependant les méthodes des Femens
sont
contestées et on les accuse même de vendre leur corps aux médias
afin d'être entendues. '' Ma critique est que le fait de manifester
seins nus joue le jeu du patriarcat. La nudité est utilisée pour
vendre et on se demande quel est le message. Ensuite, ce ne sont pas
n’importe quelles femmes. Elles sont toutes belles, jeunes, jolies.
Elle jouent le même jeu que les publicitaires qui nous montrent
toujours des femmes conformes aux stéréotypes actuels de beauté,
avec leurs mannequins retouchés sur photoshop.'' ( Bard, 2013)
Le
féminisme perdrait-il de son sens dans une société de moins en
moins machiste? ''Selon Mme McInturff, les villes du Québec sont, en
moyenne, plus égalitaires, une performance qu'elle attribue aux
politiques québécoises d'équité salariale et de conciliation
travail-famille, qui permettent à davantage de femmes de retourner
sur le marché du travail après avoir eu des enfants, haussant du
même coup le taux d'emploi chez les femmes.'' Le fait que les
membres de ce mouvement utilisent leurs corps dénudé pour dénoncer
un modèle auquel elles souscrivent pourtant ramène à la dualité
complexe de la femme.
D'un
côté les Femens
rejettent un modèle tout en souhaitant y adhérer intrinsèquement,
le désir de plaire est si fort et ancré qu'elles chercheraient
ainsi à s'en punir en exhibant leurs corps idéalisés. Le mouvement
politique des Femens
témoignerait-il
donc du fait que les femmes se battent à priori contre leurs propres
pulsions sexuelles en dénonçant l'image de la femme fatale?
3.3
Racines économique des genres
Les
femmes ont tendance à s'occuper davantage de l'éducation des
enfants et de l'entretien du foyer, et ce même lorsque celles-ci
travaillent à l'extérieur. Il s'agit chez-elles d'une pulsion
primaire autant que le fait de vouloir plaire aux hommes. Les hommes
et les femmes ont donc des pulsions sexuelles différentes qui se
répercutent dans leur façon d'être et d'agir. À titre d'exemple,
le désir d'une femme est surtout lié à ses émotions alors qu'il
en va généralement autrement chez l'homme. L'homme est à priori
sensible à la vue, ce qui expliquerait biologiquement pourquoi la
femme cherche tant
à lui plaire. En contrepartie celle-ci est plus sensible au toucher
et à la tendresse. En somme, l'homme et la femme vivent leur
sexualité différemment et cela engendre nécessairement des
disparités au niveau de leurs fonctions au sein du couple et de la
famille.
Il
subsiste toujours des inégalités économiques car les femmes font
parfois le choix de s'occuper des responsabilités familiales avant
de prioriser leur carrière. « Les femmes gagnent moins que les
hommes, et plus on avance en âge, plus l’écart est grand. Les
femmes de 65 ans ou plus ont actuellement un revenu qui équivaut à
65 % du revenu des hommes. Ces inégalités sont causées par
l’absence des femmes sur le marché du travail pour cause de
responsabilités familiales, et elles n’ont donc pas assez
contribué au Régime des rentes du Québec. Des demandes ont déjà
été formulées pour que des crédits de rente puissent être
instaurés pour les années que les femmes ont passées loin du
marché du travail. » (Gisèle Bourret, 2013)
On
peut donc dire que le système économique est toujours patriarcal,
et ce même si les femmes ont aujourd'hui davantage accès au marché
du travail que dans les années 50.«
La reconnaissance du travail non rémunéré des femmes à travers,
entre autres, le travail domestique est une question présente dans
le mouvement féministe depuis très longtemps et j’avoue qu’on
n’a pas encore trouvé la solution magique pour faire en sorte que
la division sexuelle du travail soit moins accentuée. Parce que le
capitalisme se base sur le travail gratuit des femmes, on peut dire
qu’il y a là un renforcement d’un système patriarcal. » (
Gisèle Bourret, 2013)
3.4
Racines idéologiques des genres
Simone
de Beauvoir
a écrit : ''On ne naît pas femme on le devient.'' En 2013,
l'Allemagne est devenu le premier pays a évoquer la possibilité
d'un ''sexe indéterminé'' sur le certificat de naissance des
nouveaux-nés. (LeMonde.fr, 2013) Certains tendent ainsi à nier la
détermination physiologique des individus. Certes la socialisation
influe directement sur l'identité sexuelle, or les facteurs
biologiques, hormonaux et génétiques demeurent à la base de
celle-ci. Naît-on hommes ou femmes ou le devient-on?
Les
féministes radicales vont jusqu'à souhaiter la ''libération'' de
la femme face à la maternité, jusqu'où
peut-on revendiquer l'égalité des sexes? Certains chercheurs
affirment même que les cerveaux seraient sexués : '' On sait
aujourd'hui qu'il y a une certaine sexualisation du cerveau qui se
manifeste très précocement. Dès le stade foetal, par exemple, les
cortex diffèrent. Pour autant, les scientifiques se mènent une
guerre sans merci concernant l'amplitude et l'origine de ces
différences. D'un côté, des neuroscientifiques
défendent l'idée d'un cerveau sexué, fruit d'un déterminisme
biologique. De l'autre, les papesses des gender
studies affirment
que les cerveaux masculins et féminins sont identiques à la
naissance, mais qu'ils sont façonnés ensuite par l'éducation. ''
(Jean-François Bouvet, 2012)
Il
demeure cependant ardu de différencier les caractéristiques des
genres qui relèvent de la socialisation des individus de ceux qui
relèvent davantage des traits biologiques : '' Les seuls
domaines pour lesquels c'est relativement clair sont l'orientation
spatiale et le langage. Le cortex s'épaissit nettement dans les
zones associées langage chez les filles. Or, les garçons auront,
eux, une couche plus épaisse dans les zones favorisant l'orientation
spatiale. '' (Jean-François Bouvet, 2012) En somme les genres
seraient déterminés à priori par les caractéristiques
biologiques, mais la socialisation des individus aurait aussi un
important rôle à y jouer.
Conclusion
Il
y a quelques années, Laureen
Southern
a mis en ligne une photo d'elle-même tenant une affichette sur
laquelle on pouvait lire: '' I don't need feminism because i believe
in equality, not intolerance and supremacy. '' La photo de Laureen
a été partagée en masse sur la toile et le magazine Time
a
également présenté un article sur le sujet.
(https://www.facebook.com/OnlyForMenInterest/videos/vb.128855233913238/682416128557143/?type=2&theater)
La
jeune femme a obtenu énormément de support suite à la publication
de cette photo, or plusieurs internautes lui ont également témoigné
de la haine et des critiques cinglantes. La plupart de ces critiques
provenaient de féministes affirmant que Laureen
ne connaissait rien au sens du féminisme. Selon Laureen,
le féminisme moderne n'est pas un mouvement pour l'égalité, il
s'appuierait davantage sur des bases sexistes.
Élizabeth
Lévy,
journaliste et directrice de rédaction,
dénonce
quant à elle le ''néo-féminisme'' moderne: '' Mais sous couvert de
les éradiquer, ces stéréotypes, on voudrait imposer le stéréotype
unique. Toutes les théories du genre ne supprimeront pas un fait
simple : les hommes et les femmes, ce n'est pas pareil. Et de mon
point de vue, c'est cette différence qui rend le monde
délicieusement habitable.'' (Figaro.fr, 17 juillet 2015) Élizabeth
Lévy
estime
toutefois que le mouvement féministe a ses raisons d'être et qu'il
reste des combats importants à mener tel que la libération des
femmes musulmanes.
En
somme le ''néo-féminisme'' condamne les hommes et l'idée même de
la féminité: ''Mais je dirais que le prochain combat féministe,
c'est celui qu'il faut livrer à ce faux féminisme qui, sous couvert
de défendre les femmes, veut les assigner à une norme. Car au bout
du compte, il est en guerre contre les hommes et contre la
masculinité, et du même coup, en guerre contre l'idée même de
féminité.'' (Élizabeth Lévy, 2015)
Le désir de plaire naît chez les femmes avant le besoin d'aimer." |
L'internaute.com
Quel
avenir peut-t-on espérer pour l'image de la femme dans les médias à
l'ère du ''néo-féminisme''? L'image
des femmes dans les médias est calquée à la base sur leurs
comportements et c'est pour cette raison que celles-ci prennent un
plaisir coupable à regarder la télévision. Selon la psychanalyste
Hélène Vecchiali le désir de plaire chez les femmes remonterait à
l'enfance ''Devenues adultes elles cherchent sans cesse à vérifier
leur capacité à susciter le désir, sans même parfois se
préoccuper de leur propre désir.'' (Frédéric Hédon, mars 2006)
Toujours
est-il que pour séduire la femme n'a nul besoin de se dévêtir en
dansant autour d'un poteau, la séduction étant un acte infiniment
plus subtil. La représentation de la femme dans les médias est donc
bien souvent une caricature grossière et irrespectueuse. Pour cette
raison, il importe de poursuivre le combat afin d'inculquer une
notion de respect autour de l'image du corps de la femme dans les
médias.
Toutefois
le ''néo-féminisme'' moderne tend de plus en plus à nuire à cette
cause à force de dérapages. En l'occurrence, on ne peut espérer
dans un avenir rapproché une amélioration significative de la
représentation de la femme dans les médias. On continuera ainsi à
exploiter son corps dans les journaux et à la télévision tant et
aussi longtemps que les féministes tendront à vouloir faire
disparaître les différences entre les sexes au lieu d'en prôner
simplement le respect.
Liste
des documents consultés
-Image
des femmes dans les médias : un recul?
(Nathalie
Collard, La Presse, 12 décembre 2011)
-Et
la tendresse, bordel?
(Martine
Laval, Magazine 100% Femmes)
-Annie
Cloutier, rebelle au foyer
(Marie-Hélène
Proulx, Châtelaine, 5 juin 2014)
-Évaluation
de l'image de la femme dans le discours médiatique
(Conseil
national des droits de l'Homme, Rabat – Maroc)
-Les
adolescentes dans le discours médiatique québécois : une
présence paradoxale
(Caroline
Caron, 2009)
-Les
femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur
(Vicky
Gauthier, 7 mars 2013)
-Image,
rôle et condition sociale de la femme dans les médias
(Unesco,
1979)
-Des
minorités visibles aux néostéréotypes
(Éric
Macé, 2007)
-États-Unis :
forte progression des femmes et minorités visibles à la télé
(Fédération
professionnelle des journalistes du Québec, 2010)
-Julie
Snyder ''forcée'' de capituler
(Marco
Fortier, Le Devoir, 30 juin 2015)
-Attention
aux pitounes
(Noémi
Mercier, L'Actualité, 2015)
-Le
langage du corps féminin dans le vidéoclip de rap et la
sexualisation précoce des jeunes filles
(Myriam
Laabidi, 2004)
-Charte
québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée :
la création d'un conssenssus
(Québec
en forme, 2012)
-Des
initiatives pour contrer la tyrannie de l'image
(Maxence
Knepper, Journal Métro, 2012)
-L'approche
Genre
(Food
and agriculture Organization of the United Nations
-Femen :
un modèle globalisé d'autonomie politique
(Querrien
& Monique, 2013)
-L'histoire
cachée des Femens
(Olivier
Pechter, 2014)
-Xenia
Chernyshova, Fondatrice de Femen Québec
(Maherzi
et Rollin, 2013)
-Les
Femens : des seins nus pour quel dessein?
(Mehdi
Chebil, 2013)
-Victoria,
là où
il fait le mieux vivre pour les femmes au pays
Mark
et Casey, La Presse, 2015)
-Pour
une vision féministe de l'économie : seule une économie
alternative mettra fin aux abus
(Marie-Hélène
Alarie, 2013)
-Élizabeth
Lévy : contre le féminisme des ''dangereuses ridicules'',
Figaro. Fr, 17 juillet 2015)
-Visions
féminines du désir des hommes, Frédéric Hédon, Sexologos #24,
Mars 2006