mardi 8 septembre 2015

Socialisation de la femme à travers la télévision de marché

 


Dans les années 50 l'image de la femme dans les médias était toute autre, elle visait à conforter celle-ci dans son rôle de ménagère. La fonction des femmes a considérablement changé durant la seconde guerre mondiale. Les ménagères étaient alors appelées à se joindre à l'effort de guerre et quittaient en masse leurs foyers. Suite à la guerre, on a voulu valoriser le travail des femmes à la maison. C'est donc l'image de la bonne ménagère que l'on projetait à la télévision afin que celle-ci réintègre son rôle de mère et d'épouse.

De nos jours l'image de la femme dans les médias est de plus en plus véhiculée comme celle de la femme fatale, avide de son pouvoir d'achat. Le capitalisme a ainsi transformé l'idéal de la femme au foyer en celui de la (sur)consommatrice hypersexualisée. L'image et le rôle de la femme ont certes changé au fil du temps or le combat féministe est demeuré le même, on aspire à faire disparaître les différences entre les sexes. 

Heureusement  la femme peut désormais exister en dehors de son statut marital et contribuer à l'avancement de la société. Mais encore aujourd'hui, elle s'occupe davantage des tâches domestiques et de l'éducation des enfants que l'homme. Quelle est aujourd'hui la véritable place de la femme dans la société et quelle image devrait-on lui attribuer dans les médias afin de mieux refléter sa réalité et ses aspirations?

  1. Analyse de la fonction des femmes dans les médias

1.1 Portrait de la femme dans les médias

Internet offre désormais une vitrine supplémentaire à la promotion de la femme dans un contexte de mondialisation. Les médias jouent un rôle clé dans la socialisation de la femme, les jeunes filles demeurent un public influençable à qui l'on fait miroiter la superficialité et la pornographie. '' La majorité des jeunes filles ne semble pas accorder d'importance à la piètre image que les médias leur renvoient, image qui contribue bien entendu à façonner celle qu'elles ont d'elles-mêmes. La télévision joue un rôle important dans la construction de cette image, car elle demeure, pour l'instant, LE véhicule culturel principal auprès des jeunes. Ils la regardent en moyenne 35 heures par semaine (pour les 2 à 11 ans) et 28 heures par semaine (pour les 12 à 17 ans).'' (Nathalie Collard, Image des femmes dans les médias : un recul?, 12 décembre 2011)

Les féministes dénoncent l'invisibilité des femmes dans les médias et l'image du rôle traditionnel et/ou de femme-objet qu'elles y projettent. Or depuis la nuit des temps la femme a en elle ce désir de plaire : '' Les femmes ont appris à plaire aux autres, aux hommes en particulier, et c'est encore ça qui ressort dans la sexualité. Les femmes veulent plaire aux hommes. C'est le désir de plaire constant. '' (Martine Laval, Entretien avec Élyse Bourque sexologue, 100% Femmes) En contrepartie, le rôle de la mère au sein du foyer est également dénigré par les féministes : ''L’archétype de la femme libre promu par le féminisme dominant, c’est celui de la travailleuse rémunérée, indépendante financièrement, qui retourne au boulot à temps plein sitôt son congé de maternité terminé. Il faut se conformer à cette idéologie, sous peine de trahir celles qui se sont battues pour nous !'' (Marie-Hélène Proulx, Annie Cloutier : rebelle au foyer, 5 juin 2014) Or dans presque toutes les cultures il s'avère que la femme est souvent mieux outillée que l'homme pour prendre en charge l'éducation des enfants et s'occuper du foyer. Et ce même chez les femmes qui travaillent à part égale avec leur conjoint. On constate que celles-ci passent plus d'heures à s'occuper du foyer et de l'éducation des enfants que les hommes.

En somme, les femmes doivent bien souvent composer avec deux élans naturels : leur désir de plaire aux hommes et leur instinct maternel. C'est pourquoi les médias ont oscillé entre ces deux représentations de la femme au fil du temps. Il serait sans doute pertinent de se questionner aujourd'hui sur la validité des modèles proposés et d'évaluer leurs possibles répercussions dans la socialisation de la femme à travers la télévision de marché.

1.2 Discours médiatique destiné aux femmes

À l'heure de l'hyper communication, il n'a jamais été aussi difficile d'accéder aux sources d'information qui expriment la multiplicité des opinions. On a catégorisé les publics et l'on s'adresse à ceux-ci suivant une logique simple. Toutefois, cette logique peut se différencier selon les cultures et le discours médiatique destiné aux femmes peut changer. Au Maroc par exemple, les stéréotypes féminins sont établis ainsi: '' En effet, tantôt la femme est présentée comme une femme passive, ou baignant dans le monde de la sorcellerie, tantôt comme une femme rebelle, libérée et dépourvue de sentiments. Ceci s’explique par l’absence d’une vision globale et transversale visant à améliorer l’image de la femme dans les médias sur le long terme et lutter contre les stéréotypes négatifs.'' ( Sanae El Aji , 2015)

Au Québec, l'image de la femme a donc oscillé au fil du temps entre la bonne ménagère et la femme fatale. Les adolescentes sont aujourd'hui confrontées à cette image de la femme calquée sur les États-Unis. En effet, on représente de plus en plus le corps féminin comme un outil ayant un fort potentiel marketing; pourvu que celui-ci entre dans le moule. On constate donc une influence de la culture et parfois même de la langue dans la représentation de la femme dans les médias : '' La variable linguistique paraît pourtant pertinente alors que c'est principalement la culture anglo-américaine qui est mise en cause en raison de son marketing exhibitionniste, incarné par des vedettes telles Britney Spears, Jennifer Lopez, Christina Aguilera, les Spice Girls et Rihanna.'' (Caroline Caron, 2010)

Les discours agissent sur nos façons de penser et plus un discours nous est répété, plus celui-ci nous apparaîtra comme véridique. Les médias idéalisent ainsi chaque jour aux yeux des jeunes filles un moule étroit dans lequel elles devraient entrer. Celles-ci comprennent très jeunes qu'il est préférable d'y adhérer afin d'éviter le rejet de leurs pairs. ''Après la ménagère des années 50-60, la militante des années 70, la superwoman des années 80, la chercheuse d’équilibre des années 90 et la féminine des années 2000, toutes des représentations que l’on retrouve encore aujourd’hui parfois à différents degrés, un nouveau modèle est apparu : le gynoïde, c’est-à-dire le corps de la femme perçu et conçu comme une machine, un robot. '' (Vicky Gauthier, 7 mars 2013) 
 
Ainsi, l'image de la femme au Québec a toujours été catégorisée selon des normes strictes et l'on s'est adressé à elle dans les médias suivant cette ''logique'', passant graduellement de la ménagère des années 50 à la femme hypersexualisée des années 2010. On ne peut qu'espérer un volte-face pour les adolescentes qui apprennent aujourd'hui à à socialiser à travers un discours médiatique de plus en plus réducteur et erroné.
Ainsi,

                         1.3 Minorités visibles et stéréotypes

Depuis quelques années, la visibilité des minorités à la télévision est de plus en plus importante même si elle demeure faible en comparaison du moule. On veut attirer les publics des différentes cultures afin de rejoindre un plus grand nombre de téléspectateurs et d'accroître les profits. '' Dès la fin des années 1990, l’introduction de la notion de « minorités visibles » dans les débats concernant la représentativité ethnoraciale des programmes de la télévision française, a contribué à tendre encore plus le paradoxe français d’une indifférence aux différences conduisant à une indifférence aux discriminations. Or on observe depuis 2004 un basculement spectaculaire de l’ensemble des professionnels de la télévision vers un volontarisme efficace de visibilité des minorités.'' (Eric Macé, 2007)

Toutefois, les minorités tout comme les femmes subissent une représentation erronée de leur image dans les médias. Les personnages incarnés par des gens provenant de cultures différentes sont souvent utilisés pour représenter des problèmes sociaux. Des gangs ou des criminels, que les médias nous font en fait davantage percevoir comme des minorités étant donné le faible ratio de leurs apparitions à la télévision.

1.4 Femmes et production télévisuelle

Politique, convergence et capitalisme de la télévision de marché au Québec, mon premier essai dans le cadre de ce cours, traitait au point 3.2 d'un conflit d'intérêt médiatique et politique : ''Récemment, Pauline Marois a accordé un crédit d'impôt à Pierre-Karl Péladeau à la veille du déclenchement des dernières élections. Une faveur qui avantageait uniquement Productions J, la compagnie de Julie Snyder, conjointe de M. Péladeau.''

Récemment, Madame Snyder a pris d'assaut les réseaux sociaux afin de dénoncer cette ''cette «injustice» aux relents de «sexisme» . (Marco Fortier, 30 juin 2015) La productrice invoque donc la cause féministe pour faire rétablir le crédit d'impôt de sa compagnie qui, ironiquement, produit des émissions dégradantes pour la femme : '' Les « pitounes » sont partout : à la une des magazines, dans les vidéo-clips, sur les panneaux d’affichage ; dans le décor de l’émission Le banquier, une valise à la main ...'' (Noémi Mercier, 9 février 2015) 
 
La populaire émission de téléréalité Occupation Double produite par Productions J est également bourrée de stéréotypes sexistes : '' Or, que propose cette téléréalité? Elle propose un univers où les relations amoureuses sont un jeu, une stratégie, une marchandise. Elle montre des couples prêts à plonger dans une baignoire à remous et à faire l'amour devant deux millions de personnes pour courir la chance de gagner un condo et une voiture de l'année. Elle montre aussi de jeunes hommes tous taillés sur le même modèle (gros bras, peu de conversation) et des filles qu'on dirait sorties d'une usine tellement elles se ressemblent avec leurs cheveux longs, leurs lèvres pulpeuses et leur plastique de Barbie.'' (Nathalie Collard, 2011)

La cause féministe serait-elle en train de se perdre? Certes, le féminisme est à la mode et de plus en plus d'hommes se prétendent aujourd'hui féministes. Mais qu'en est-il de la signification réelle de ce mot aujourd'hui? Dans le cas de l'affaire Snyder-Couillard, on se sert de façon malhabile du féminisme afin de servir la convergence et d'accroître les profits d'une entreprise déjà prospère. 
 
             1.5 Stratégies de séduction des publics féminins
 
En général, les femmes consomment beaucoup de télévision. Les programmateurs tentent donc d'orienter leur programmation vers ce qui leur semble être intéressant pour elles. En effet, les femmes entre 18 et 39 ans constituent un public de choix pour les programmateurs. Elles ont un pouvoir d'achat important considérant le fait que ce sont bien souvent elles qui font les courses pour leur foyer, elles sont donc un public cible pour les annonceurs.

Toutefois les stratégies de séduction des publics féminins sont basées sur une conception de la femme très simpliste qui ne reflète pas ses véritables aspirations. Ainsi nous sommes passés d'une idéologie capitaliste patriarcale à une idéologie capitaliste de la femme-objet. En ce sens que l'idéal féminin n'est plus aujourd'hui celui de la femme au foyer, cela est explicable surtout par le fait que notre société est de plus en plus âpre au profit. Les femmes ont donc quitté en masse leurs foyers pour gagner plus d'argent, elles sont devenues par le fait même de plus grandes consommatrices.

Cependant au fil de l'histoire la place de la femme n'a jamais véritablement changé, or on voudrait aujourd'hui lui faire croire à une nouvelle image qui colle davantage à la société capitaliste. '' Quels que soit les changements sociaux, la femme demeurera éternellement mère et épouse au service des autres.'' (Mattelart, 1986) C'est pourquoi on place maintenant la femme face à une dualité de plus en plus criante. Pour souscrire à l'image d'elle imposée par les médias, elle doit être à la fois mère et femme fatale. Mais qu'en est-il de ses véritables aspirations, que désire-t-elle être intrinsèquement?

2. Contraintes sociales et publics féminins

        2.1 Évolution des publics féminins au Québec
 
Plusieurs estiment que la représentation des femmes dans les médias a accompli des progrès importants au fil du temps, or l'image des femmes demeure soumise à l'idéologie capitaliste patriarcale (Mattelart, 1986). Il en va de même pour les publics féminins, la téléspectatrice d'aujourd'hui n'est pas bien différente de celle des années 50, elle est mère et épouse en plus d'aspirer à se réaliser à l'extérieur du foyer.

Cependant la société de consommation incite de plus en plus la femme à tendre vers le modèle de la mère-femme fatale. Au Québec, on se souvient par exemple de la récente campagne de publicité sur l'allaitement maternel mettant en vedette la comédienne Mahée Paiement. Des affiches représentant la jeune femme en train d'allaiter son enfant dans un style très glamour et sexy ont alors enflammé le web. Les femmes ont été dérangées par cette image car elle les ramenait en fait à leur propre dualité.

La téléspectatrice d'aujourd'hui aspire donc à être à la fois mère aimante et femme fatale puisqu'on l'a conditionnée ainsi en se basant sur ses propres instincts naturels. La ménagère des années 50 a cédé du terrain à la femme fatale en raison du système capitaliste qui l'a incitée à entrer sur le marché du travail pour pouvoir ensuite devenir une plus grande consommatrice. Mais en somme, les publics féminins n'ont pas tellement changé.

        2.2 Socialisation des jeunes filles à travers les médias

Les jeunes consomment les médias différemment, ceux-ci délaissent la télévision au profit d'internet. Un récent sondage aux États-Unis décèle que 51% des adolescents se connectent aux réseaux sociaux moins une fois par jour et que 22% d'entre eux le font plus de 10 fois par jour (Common Sense Media, 2009) Les vidéos musicaux sont très populaires auprès des adolescents et mettent généralement en scène une image de la femme dégradante. Comme les jeunes filles regardent très peu les feuilletons télé, elles sont davantage soumises au modèle de la femme véhiculé sur le web.

''Les préadolescentes se laissent facilement séduire par l'univers des vidéoclips, et plus particulièrement par les vidéoclips de rap. La plupart des vidéoclips de rap commerciaux et américains proposent un portait irrespectueux et dégradant de l'image de la femme.'' ( Myriam Laabidi, 2004) Le modèle de la mère aimante est donc relégué au second plan et les nouvelles générations idéalisent désormais la femme fatale. Les jeunes filles apprennent donc à socialiser dans une société capitaliste qui représente le corps de la femme comme un objet ayant une valeur marchande.

La plus grande partie de la socialisation des individus se fait à travers les médias de masse et il serait faux de croire que l'image des femmes a réellement accompli des progrès au fil du temps. Certes le modèle de la bonne ménagère était loin d'être parfait, or entre la femme au foyer et la femme fatale se situe sans doute un portrait plus représentatif de la femme d'aujourd'hui.

2.3 Avenir de la perception des femmes dans les médias

En octobre 2009, la Charte québécoise pour une image saine et diversifiée était lancée suite à un consensus entre plusieurs professionnels des médias, de la mode, de la musique et de la santé (Québec en Forme, 23 avril 2012) On voulait contrer la vague d'obsession de la minceur qui sévit toujours aujourd'hui et qui sévira certainement encore dans plusieurs années. ''Près de 33 % des femmes universitaires seraient prêtes à mourir plus jeunes en échange du corps de l’actrice Scarlett Johansson, selon une étude mise en avant par l’organisme ÉquiLibre '' (Maxence Knepper, 2012)

Pourquoi les femmes veulent-elles à tout prix plaire aux hommes? Ils s'agit sans doute à la base d'un désir d'atteindre un certain équilibre entre la mère et la séductrice. Le besoin de se sentir vivante et de sortir un moment de la routine ennuyante des tâches ménagères. Toujours ce même dilemme donc entre la mère et la femme fatale...

Les médias utilisent simultanément ces deux images de la femme pour tenter d'augmenter les cotes d'écoute. Or on amplifie bien souvent ces deux représentations à un tel point que la femme ne s'y reconnaît plus. Les choses ne risquent malheureusement pas de s'améliorer dans un proche avenir. Depuis l'adoption de la Charte québécoise pour une image saine et diversifiée rien n'a vraiment changé et les programmateurs vont continuer à utiliser les mêmes tactiques pour augmenter leurs cotes d'écoute.

On fait miroiter aux femmes un idéal presque impossible à atteindre, une image d'elles-mêmes que les téléspectatrices voudront néanmoins garder sous les yeux afin de ne pas la perdre de vue. Ainsi elles pourront se projeter indéfiniment dans une réalité qui, peut-être un jour, sera la leur.


3. Analyse féministe de la différentiation des genres dans les médias

3.1 Racines sociales des genres

Il importe de définir en premier lieu la différence entre les genres et les sexes:'' Les spécialistes des sciences sociales et ceux du développement utilisent deux termes distincts pour marquer, entre hommes et femmes, les différences déterminées biologiquement et celles construites socialement: il s’agit dans le premier cas du mot “sexe”, dans le second cas du vocable “genre”. Même si les deux termes sont liés aux différences entre les hommes et les femmes, les notions de “sexe” et de “genre” ont des connotations distinctes. '' (Food and Agriculture Organization of the United Nations, L'Approche Genre)

Ainsi le sexe est relatif à ce tout ce qui a trait à la constitution biologique des individus hommes et femmes tandis que le genre est plutôt attribuable aux relations entre les individus. Les différences relatives au sexe des individus sont donc immuables tandis que celles ayant trait au genre sont sujettes aux changements. Cela dépend en fait des cultures et de l'évolution des différentes sociétés. Le genre définit en somme l'attribution des tâches domestiques, l'accès à l'éducation, la vie professionnelle, les responsabilités familiales etc.

3.2 Racines politiques des genres

Le mouvement politique féministe des Femens a vu le jour en Ukraine en 2008 afin de dénoncer notamment le tourisme sexuel. Il s'agit aujourd'hui d'un mouvement mondial et l'on peut suivre régulièrement dans les médias les actions politiques qui en découlent. Des militantes Femens exhibent leur seins afin de dénoncer différentes situations : '' La nudité est ici antisexuelle, proprement politique, à l’opposé des comportements des années 1970 où l’on voyait dans le fait de se dénuder une manière de dévoiler la sexualité qui innervait l’ensemble des relations interpersonnelles. '' (Querrien & Selim, 2013

Le mouvement a été fortement critiqué puis discrédité en Ukraine suite à de nombreux dérapages : ''Les politologues ukrainiens considèrent unanimement FEMEN comme un projet "politico-commercial" et ne se sont jamais véritablement penchés sur le sujet. A force d’incohérences, le mouvement "caméléon" a lassé leur pays, avant d’être fatalement discrédité. '' (Olivier Pechter, 2014)

Au Québec, le mouvement continue d'attirer l'attention des médias qui le dépeignent toutefois en surface. Les racines sociales du mouvement ne sont que très rarement explorées. '' Le mouvement s’articule autour d’une trinité : le refus de l’industrie du sexe, le rejet de toute forme de dictature et enfin la dénonciation des extrémismes religieux. '' (Maherzi et Rollin, 2013) Cependant les méthodes des Femens sont contestées et on les accuse même de vendre leur corps aux médias afin d'être entendues. '' Ma critique est que le fait de manifester seins nus joue le jeu du patriarcat. La nudité est utilisée pour vendre et on se demande quel est le message. Ensuite, ce ne sont pas n’importe quelles femmes. Elles sont toutes belles, jeunes, jolies. Elle jouent le même jeu que les publicitaires qui nous montrent toujours des femmes conformes aux stéréotypes actuels de beauté, avec leurs mannequins retouchés sur photoshop.'' ( Bard, 2013)

Le féminisme perdrait-il de son sens dans une société de moins en moins machiste? ''Selon Mme McInturff, les villes du Québec sont, en moyenne, plus égalitaires, une performance qu'elle attribue aux politiques québécoises d'équité salariale et de conciliation travail-famille, qui permettent à davantage de femmes de retourner sur le marché du travail après avoir eu des enfants, haussant du même coup le taux d'emploi chez les femmes.'' Le fait que les membres de ce mouvement utilisent leurs corps dénudé pour dénoncer un modèle auquel elles souscrivent pourtant ramène à la dualité complexe de la femme.

D'un côté les Femens rejettent un modèle tout en souhaitant y adhérer intrinsèquement, le désir de plaire est si fort et ancré qu'elles chercheraient ainsi à s'en punir en exhibant leurs corps idéalisés. Le mouvement politique des Femens témoignerait-il donc du fait que les femmes se battent à priori contre leurs propres pulsions sexuelles en dénonçant l'image de la femme fatale?

3.3 Racines économique des genres

Les femmes ont tendance à s'occuper davantage de l'éducation des enfants et de l'entretien du foyer, et ce même lorsque celles-ci travaillent à l'extérieur. Il s'agit chez-elles d'une pulsion primaire autant que le fait de vouloir plaire aux hommes. Les hommes et les femmes ont donc des pulsions sexuelles différentes qui se répercutent dans leur façon d'être et d'agir. À titre d'exemple, le désir d'une femme est surtout lié à ses émotions alors qu'il en va généralement autrement chez l'homme. L'homme est à priori sensible à la vue, ce qui expliquerait biologiquement pourquoi la femme cherche tant à lui plaire. En contrepartie celle-ci est plus sensible au toucher et à la tendresse. En somme, l'homme et la femme vivent leur sexualité différemment et cela engendre nécessairement des disparités au niveau de leurs fonctions au sein du couple et de la famille.

Il subsiste toujours des inégalités économiques car les femmes font parfois le choix de s'occuper des responsabilités familiales avant de prioriser leur carrière. « Les femmes gagnent moins que les hommes, et plus on avance en âge, plus l’écart est grand. Les femmes de 65 ans ou plus ont actuellement un revenu qui équivaut à 65 % du revenu des hommes. Ces inégalités sont causées par l’absence des femmes sur le marché du travail pour cause de responsabilités familiales, et elles n’ont donc pas assez contribué au Régime des rentes du Québec. Des demandes ont déjà été formulées pour que des crédits de rente puissent être instaurés pour les années que les femmes ont passées loin du marché du travail. » (Gisèle Bourret, 2013)

On peut donc dire que le système économique est toujours patriarcal, et ce même si les femmes ont aujourd'hui davantage accès au marché du travail que dans les années 50.« La reconnaissance du travail non rémunéré des femmes à travers, entre autres, le travail domestique est une question présente dans le mouvement féministe depuis très longtemps et j’avoue qu’on n’a pas encore trouvé la solution magique pour faire en sorte que la division sexuelle du travail soit moins accentuée. Parce que le capitalisme se base sur le travail gratuit des femmes, on peut dire qu’il y a là un renforcement d’un système patriarcal. » ( Gisèle Bourret, 2013)

3.4 Racines idéologiques des genres

Simone de Beauvoir a écrit : ''On ne naît pas femme on le devient.'' En 2013, l'Allemagne est devenu le premier pays a évoquer la possibilité d'un ''sexe indéterminé'' sur le certificat de naissance des nouveaux-nés. (LeMonde.fr, 2013) Certains tendent ainsi à nier la détermination physiologique des individus. Certes la socialisation influe directement sur l'identité sexuelle, or les facteurs biologiques, hormonaux et génétiques demeurent à la base de celle-ci. Naît-on hommes ou femmes ou le devient-on?

Les féministes radicales vont jusqu'à souhaiter la ''libération'' de la femme face à la maternité, jusqu'où peut-on revendiquer l'égalité des sexes? Certains chercheurs affirment même que les cerveaux seraient sexués : '' On sait aujourd'hui qu'il y a une certaine sexualisation du cerveau qui se manifeste très précocement. Dès le stade foetal, par exemple, les cortex diffèrent. Pour autant, les scientifiques se mènent une guerre sans merci concernant l'amplitude et l'origine de ces différences. D'un côté, des neuroscientifiques défendent l'idée d'un cerveau sexué, fruit d'un déterminisme biologique. De l'autre, les papesses des gender studies affirment que les cerveaux masculins et féminins sont identiques à la naissance, mais qu'ils sont façonnés ensuite par l'éducation. '' (Jean-François Bouvet, 2012)

Il demeure cependant ardu de différencier les caractéristiques des genres qui relèvent de la socialisation des individus de ceux qui relèvent davantage des traits biologiques : '' Les seuls domaines pour lesquels c'est relativement clair sont l'orientation spatiale et le langage. Le cortex s'épaissit nettement dans les zones associées langage chez les filles. Or, les garçons auront, eux, une couche plus épaisse dans les zones favorisant l'orientation spatiale. '' (Jean-François Bouvet, 2012) En somme les genres seraient déterminés à priori par les caractéristiques biologiques, mais la socialisation des individus aurait aussi un important rôle à y jouer.

Conclusion

Il y a quelques années, Laureen Southern a mis en ligne une photo d'elle-même tenant une affichette sur laquelle on pouvait lire: '' I don't need feminism because i believe in equality, not intolerance and supremacy. '' La photo de Laureen a été partagée en masse sur la toile et le magazine Time a également présenté un article sur le sujet. (https://www.facebook.com/OnlyForMenInterest/videos/vb.128855233913238/682416128557143/?type=2&theater)

La jeune femme a obtenu énormément de support suite à la publication de cette photo, or plusieurs internautes lui ont également témoigné de la haine et des critiques cinglantes. La plupart de ces critiques provenaient de féministes affirmant que Laureen ne connaissait rien au sens du féminisme. Selon Laureen, le féminisme moderne n'est pas un mouvement pour l'égalité, il s'appuierait davantage sur des bases sexistes.

Élizabeth Lévy, journaliste et directrice de rédaction, dénonce quant à elle le ''néo-féminisme'' moderne: '' Mais sous couvert de les éradiquer, ces stéréotypes, on voudrait imposer le stéréotype unique. Toutes les théories du genre ne supprimeront pas un fait simple : les hommes et les femmes, ce n'est pas pareil. Et de mon point de vue, c'est cette différence qui rend le monde délicieusement habitable.'' (Figaro.fr, 17 juillet 2015) Élizabeth Lévy estime toutefois que le mouvement féministe a ses raisons d'être et qu'il reste des combats importants à mener tel que la libération des femmes musulmanes.

En somme le ''néo-féminisme'' condamne les hommes et l'idée même de la féminité: ''Mais je dirais que le prochain combat féministe, c'est celui qu'il faut livrer à ce faux féminisme qui, sous couvert de défendre les femmes, veut les assigner à une norme. Car au bout du compte, il est en guerre contre les hommes et contre la masculinité, et du même coup, en guerre contre l'idée même de féminité.'' (Élizabeth Lévy, 2015)


Le désir de plaire naît chez les femmes avant le besoin d'aimer."

L'internaute.com

Quel avenir peut-t-on espérer pour l'image de la femme dans les médias à l'ère du ''néo-féminisme''? L'image des femmes dans les médias est calquée à la base sur leurs comportements et c'est pour cette raison que celles-ci prennent un plaisir coupable à regarder la télévision. Selon la psychanalyste Hélène Vecchiali le désir de plaire chez les femmes remonterait à l'enfance ''Devenues adultes elles cherchent sans cesse à vérifier leur capacité à susciter le désir, sans même parfois se préoccuper de leur propre désir.'' (Frédéric Hédon, mars 2006)

Toujours est-il que pour séduire la femme n'a nul besoin de se dévêtir en dansant autour d'un poteau, la séduction étant un acte infiniment plus subtil. La représentation de la femme dans les médias est donc bien souvent une caricature grossière et irrespectueuse. Pour cette raison, il importe de poursuivre le combat afin d'inculquer une notion de respect autour de l'image du corps de la femme dans les médias.

Toutefois le ''néo-féminisme'' moderne tend de plus en plus à nuire à cette cause à force de dérapages. En l'occurrence, on ne peut espérer dans un avenir rapproché une amélioration significative de la représentation de la femme dans les médias. On continuera ainsi à exploiter son corps dans les journaux et à la télévision tant et aussi longtemps que les féministes tendront à vouloir faire disparaître les différences entre les sexes au lieu d'en prôner simplement le respect.

Liste des documents consultés

-Image des femmes dans les médias : un recul?
(Nathalie Collard, La Presse, 12 décembre 2011)

-Et la tendresse, bordel?
(Martine Laval, Magazine 100% Femmes)

-Annie Cloutier, rebelle au foyer
(Marie-Hélène Proulx, Châtelaine, 5 juin 2014)

-Évaluation de l'image de la femme dans le discours médiatique
(Conseil national des droits de l'Homme, Rabat – Maroc)

-Les adolescentes dans le discours médiatique québécois : une présence paradoxale
(Caroline Caron, 2009)

-Les femmes à l'intérieur, les hommes à l'extérieur
(Vicky Gauthier, 7 mars 2013)

-Image, rôle et condition sociale de la femme dans les médias
(Unesco, 1979)

-Des minorités visibles aux néostéréotypes
(Éric Macé, 2007)

-États-Unis : forte progression des femmes et minorités visibles à la télé
(Fédération professionnelle des journalistes du Québec, 2010)

-Julie Snyder ''forcée'' de capituler
(Marco Fortier, Le Devoir, 30 juin 2015)

-Attention aux pitounes
(Noémi Mercier, L'Actualité, 2015)

-Le langage du corps féminin dans le vidéoclip de rap et la sexualisation précoce des jeunes filles
(Myriam Laabidi, 2004)

-Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée : la création d'un conssenssus
(Québec en forme, 2012)


-Des initiatives pour contrer la tyrannie de l'image
(Maxence Knepper, Journal Métro, 2012)

-L'approche Genre
(Food and agriculture Organization of the United Nations

-Femen : un modèle globalisé d'autonomie politique
(Querrien & Monique, 2013)

-L'histoire cachée des Femens
(Olivier Pechter, 2014)

-Xenia Chernyshova, Fondatrice de Femen Québec
(Maherzi et Rollin, 2013)

-Les Femens : des seins nus pour quel dessein?
(Mehdi Chebil, 2013)

-Victoria, là où il fait le mieux vivre pour les femmes au pays
Mark et Casey, La Presse, 2015)
-Pour une vision féministe de l'économie : seule une économie alternative mettra fin aux abus
(Marie-Hélène Alarie, 2013)

-Élizabeth Lévy : contre le féminisme des ''dangereuses ridicules'', Figaro. Fr, 17 juillet 2015)

-Visions féminines du désir des hommes, Frédéric Hédon, Sexologos #24, Mars 2006